dates : Rome, 26 Avril 121 – 9 Avril 180
Père : Annius Verus ; mère : Domitia Lucilla
On lui enseigne la « discipline hellénique » de bonne
heure, mais aussi le dessin et la peinture, ainsi que les
enseignements du platonisme et du péripatétisme. Son maître de
grammaire fut Cornélius Fronton.
Il est adolescent lorsque l'empereur Hadrien mourut, lui succède
Antonin le Pieu qui adopte Marc-Aurèle qui sera son unique
successeur. Il est investi du titre de César, c'est-à-dire de
prince héritier. Il est marié à Faustine et a 40 ans lors de son
avènement. Il confère à son fils adoptif Lucius Verus le titre
d'Auguste, l'associant à sa fortune pour qu'ils soient tout deux sur
un pied d'égalité complet.
Il créa sans distinction d'opinions quatre chaires de philosophie :
celle de l'Académie qui enseignait la doctrine de Platon ;
celle du Lycée qui conservait l'enseignement d'Aristote ; celle
du Portique fondée par Zénon (dont il a été l'adepte) ;
enfin celle d’Épicure.
Il avait une prédilection très marquée pour la justice et il se
plut à y faire pénétrer les idées de solidarité et de
philanthropie.
Sans être misanthrope, c'était un solitaire qui réfléchissait en
soliloque.
Il réglait sa vie selon les maximes du Portique. Son originalité
est la façon dont il mit la morale stoïcienne en pratique, et non
ses rares innovations sur le fond. Il nuança le stoïcisme des
qualités de son âme.
Préface (Mario Meunier) p.27 : « (…) et l'âme est la
même substance douée d'une activité intérieure. L'âme, répandue
dans la matière, l'a organisée : étant souveraine raison,
elle lui a donné sa loi. C'est d'après cette loi que tout naît et
que tout meurt, que les choses, que les êtres, causés et causants,
s'enchaînent les uns aux autres depuis le commencement, selon des
règles inflexibles. Une inexorable fatalité, un déterminisme
absolu, mais non aveugle, une volonté primitive, consciente,
réfléchie et sage, régissent, le Tout. Et, comme ce Tout a reçu,
de l'intelligence, un ordre, une hiérarchie, qui y établit l'unité,
il peut être considéré comme un seul être. C'est le Cosmos,
« monde », mais « monde organisé ». »
p.34, L1 XIV : « (…) avoir conçu l'idée d'un État
juridique fondé sur l'égalité des droits, donnant à tous un droit
égal à la parole, et d'une royauté qui respecterait avant tout la
liberté des sujets. »
p. 39, L2 I :
« Pour moi, ayant jugé que la nature du bien est le beau, que
celle du mal est le laid, est que la nature du coupable lui-même est
d'être mon parent, non par la communauté de sang ou d'une même
semence, mais par celle de l'intelligence et d'une même parcelle de
divinité, je ne puis éprouver du dommage de la part d'aucun d'eux,
car aucun d'eux ne peut me couvrir de laideur. »
p. 41, L2 VII : « Les accidents du dehors te
distraient-ils ? Donne-toi le loisir d'apprendre quelque bonne
vérité, et cesse de te laisser emporter par le tourbillon. Évite
aussi désormais cet autre égarement. Insensés, en effet, sont ceux
qui, à force d'agir, sont fatigués par la vie, et n'ont pas un but
où diriger tout leur élan et, tout à la fois, leur pensée tout
entière. »
p. 41, L2 VIII : « Il n'est pas facile de voir un homme
malheureux pour n'avoir point arrêté sa pensée sur ce qui passe
dans l'âme de l'autre. Quant à ceux qui ne se rendent pas compte
des mouvements de leur âme propre, c'est une nécessité qu'ils
soient malheureux ».
p. 43, L2 XII : « Qu'est-ce que mourir ? Si l'on
envisage la mort en elle-même, et si, divisant sa notion, on en
écarte les fantômes dont elle s'est revêtue, il ne restera plus
autre chose à penser, sinon qu'elle est une action naturelle. »
p.43, L2 XIII : « Rien de plus misérable que l'homme qui
tourne autour de tout, qui scrute, comme on dit, « les
profondeurs de la terre », qui cherche à deviner ce qui se
passe dans les âmes d'autrui, et qui ne sent pas qu'il lui suffit
d'être en face du seul génie qui réside en lui, et de l'honorer
d'un culte sincère. »
p. 45, L2 XVII : « Et la philosophie consiste en ceci :
à veiller à ce que le génie qui est en nous reste sans outrage et
sans dommage, et soit au-dessus des plaisirs et des peines ; à
ce qu'il ne fasse rien par hasard, ni par mensonge ni par
faux-semblant ; à ce qu'il ne s'attache point à ce que les
autres font ou ne font pas. »
p. 62, L4 XX : « Ce qui est essentiellement beau a-t-il
besoin d'autre chose ? De rien de plus que la loi, de rien de
plus que la vérité, de rien de plus que la bienveillance ou la
pudeur. Quelle est celle de ces choses qui est belle parce qu'on l'a
loue, ou qui se corrompt parce qu'on la critique ? ».
p. 71, L5 I : Au petit jour, lorsqu'il t'en coute de
t'éveiller, aie cette pensée à ta disposition : c'est pour
faire œuvre d'homme que je m'éveille. Serai-je donc encore de
méchante humeur, si je vais faire ce pour quoi je suis né, ai-je
été formé pour rester couché et me tenir au chaud sous mes
couvertures ? ».
p. 75, L5 IX : « Ne te rebute pas, ne te dégoûte pas,
ne te consterne pas, si tu ne parviens pas fréquemment à agir en
chaque chose conformément aux principes requis. Mais, lorsque tu en
es empêché, reviens à la charge et sois satisfait, si tu agis le
plus souvent en homme. Aime ce à quoi tu retournes (…) ».
p. 78, L5 XVI : « Telles que sont le plus souvent tes
pensées, telle sera ton intelligence, car l'âme se colore par
l'effet des pensées. Colore-la donc par une attention continue à
des pensées comme celle-ci : Là où il est possible de vivre,
il est aussi là possible de bien vivre. »
p. 83, L5 XXXVI : « (…) et, s'ils ont été lésés en
des choses ordinaires, ne t'imagine pas que ce soit un malheur, car
on a cette mauvaise habitude. »
p. 98, L6 LVIII : « Personne ne t'empêchera de vivre
selon la raison de ta propre nature ; rien ne t'arrivera qui
soit en opposition avec la raison de la nature universelle. »
p. 110, L7 XIV : « Dans
les grandes douleurs toutefois, aie recours à cette maxime
d’Épicure : « La
douleur n'est ni intolérable ni éternelle, si tu te souviens de ses
limites et si tu n'y ajoutes rien par l'opinion que tu t'en fais. »
p.
118, L8 XXVII : « Trois relations : l'une avec la
cause qui m'environne ; l'autre avec la cause divine, d'où tout
arrive à tous, et la troisième avec mes compagnons d'existence ».
p.
126, L8 LVIII : « Le soleil semble se répandre, et, en
vérité, se répand partout, mais ne se tarit pas. Cette diffusion,
en effet, n'est qu'une extension. Les rayons s'appellent aktinès,
du verbe aktinesthai,s'étendre. »
p. 173, L12 XXV : « Chasse dehors l'opinion et tu seras
sauvé. Qui donc t'empêche de la chasser ? »
Des références : Hésiode ; Homère ; Epictète ;
Héraclite ; etc.
Le manuel
d'Epictète
dates : né à Hiérapolis en Phrygie vers l'an 50 avant J.-C.
Préface (Mario Meunier, p. 179 et s) : Épictète est
l'esclave d'Epaphrodite, un affranchi de Néron (p. 180, préface) :
« Comme son maître lui faisait un jour appliquer à la jambe
un instrument de torture : « Tu vas la casser », lui
dit en souriant Épictète. La jambe cassa, et le philosophe reprit :
« Ne t'avais-je pas dit que tu allais la casser ? » ».
Lorsqu'il
fut affranchi, il fit profession de philosophe, sans femme, sans
famille, dans une grande pauvreté, avec la méthode de Socrate. Il
interrogeait souvent. Mais il n'écrivit rien. En effet, ce fut son
disciple Flavius Arrien qui rédigea les notes qu'il avait pris en
écoutant son maître. De la somme des entretiens qu'il eut avec lui,
il en tira le Manuel
d’Épictète.
Il était admiré des païens et peu des chrétiens. Mais il inspira
la règle de saint Benoît et le mode de vie des ermites du mont
Sinai, et bien sur la pensée de Pascal.
p. 183, I 1. : « Il y a des choses qui dépendent de
nous ; il y en a d'autres qui n'en dépendent pas. Ce qui dépend
de nous , ce sont nos jugements, nos tendances, nos désirs, nos
aversions : en un mot, toutes les œuvres qui nous
appartiennent. Ce qui ne dépend pas de nous, c'est notre corps,
c'est la richesse, la célébrité, le pouvoir ; en un mot,
toutes les œuvres qui ne nous appartiennent pas. »
p. 184, I 4. : « Mais si, entre ces biens, tu veux encore
et richesse et pouvoir, peut-être n'obtiendras-tu pas ces derniers
biens, du fait que tu aspires également aux premiers. »
p. 185, III : « Si tu aimes une marmite, dis-toi :
« C'est une marmite que j'aime. » Car, si elle vient à
se casser, tu n'en seras pas troublé. Si tu embrasses ton enfant ou
ta femme, dis-toi que c'est un être humain que tu embrasses ;
car, s'il meurt, tu n'en seras pas troublé. »
p. 185, V : « Ce qui troubles les hommes, ce ne sont pas
les choses, mais les jugements qu'ils portent sur ces choses. Ainsi,
la mort n'est rien de redoutable, puisque, même à Socrate, elle n'a
point paru telle. »
p. 187, VIII : « Ne demande pas que ce qui arrive comme
tu veux. Mais veuille que les choses arrivent comme elles arrivent,
et tu seras heureux. »
p. 189, XVII : « Souviens-toi que tu es comme un acteur
dans le rôle que l'auteur dramatique a voulu te donner : court,
s'il est court ; long, s'il est long. »
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