Cours 5 :
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- Hésiode, « Théogonie » : la genèse des dieux,
dans laquelle il raconte le conflit de Zeus et de Prométhée. « Les
travaux et les jours » : Hésiode conteste l'héritage de
Persès, son frère, et parle de la justice des hommes et des dieux.
La justice des hommes est injuste car finie. Il dédie son livre à
Diké, déesses de la justice, car il a perdu son procès.
Dans ces ouvrages, il s'agit de la mauvaise « éris »
(éristique) : quelque chose à la fois bon et mauvais, mais
c'est d'abord ce dont on fait l'expérience comme quelque chose de
mauvais.
La bonne éris est la stimulation, l'émulation, par exemple du
concours de poésie qui précède du Banquet. Ou, celle que l'on voit
à Olympie où se tienne les olympiades : le moment, tout les 4
ans, de rencontre des cités grecques, avec une trêve
intransgressible. On y voit le meilleur (« ariston » de
aristocratie).
- Le processus d'élévation de l'homme commence avec la conquête de
la station debout, c'est-à-dire la technicisation du corps humain,
ce que chaque bébé devra apprendre à son tour : tout mortel
réapprend tout.
Il
y a une sorte de récapitulation de l'évolution humaine dans le
fœtus : la récapitulation embryonnaire deAckel
(?).
Idem pour la culture : apprendre à marcher, aller au pot. Nous
savons retenir nos mixions avant d'évacuer nos toxines. La tendance
à l'élévation ne se réalise qu'avec l'éducation. Sinon :
expulsion de personnes ; guerres ; xénophobie ; etc.
- Protagoras : pour empêcher cela, le feu divin doit être
contenu dans l'âtre, en développant une technique, c'est-à-dire
ici la « technique politique ». Elle doit être possédée
par tous, comme l'écriture.
À
partir de 650, l'écriture se généralise dans les cités grecques,
ainsi la technè politique n'est plus affaire de spécialiste. En
revanche, Socrate considère que le philosophe doit diriger la cité.
Protagoras, sophiste mais ami proche de Socrate, s'oppose à lui :
la cité (polis : boulesis et
agora) elle-même doit discuter, afin qu'ait lieu une individuation
collective.
Dans
le mythe de Prométhée, Zeux ne dit pas à Hermès, contrairement à
Yahvé (nom de Dieu en Hébreux) : « voilà les lois que
tu dois donner aux mortels ». En effet, il leur donne la
capacité à en créer. Les lois ne cessent d'évoluer. Cela traduit
dans l'espace le processus d'individuation collective. Le débat en
Grèce était réglé par le calendrier pritanique
(?).
Cela suppose une individuation technique.
Pour Bernard Stiegler, l'écriture et la technique politique sont
indissociable.
Hermès fait couple avec Hestia, la déesse du foyer, le lieu du feu,
ainsi chez les grecs, le feu se retrouve partout, et les femmes le
gardent aussi (conférence sur Hermès et Hestia sur le site d'ars
industrialis).
Aujourd'hui, pour traduire le mythe de Prométhée, nous dirions que
l'individuation technique n'est pas auto-suffisante. Pour qu'elle
soit facteur de bonne éris, il faut un savoir thérapeutique. Ce
sont des pratiques sociales issues de la technique politique des
êtres noétiques. Le processus d'individuation est impulsé par la
technique, d'où elle requiert une thérapeutique dans une logique
pharmacologique. Pour bâtir une aretê (une vertu ; puissance ;
excellence), il faut partir de la technicité.
- Platon dit le contraire : la technique est l'affaire des
sophistes. Nous sommes héritiers de ce rejet de la technique.
Socrate et Platon s'opposent à Protagoras. Pour ce dernier, chacun
doit être son propre médecin. On est l'horizon de soi-même :
c'est cela l'expérience du marcheur.
Freud : un appareil psychique accompli a un « idéal du
moi », c'est-à-dire une représentation de soi qui est son
idéal, souvent hérité (du père souvent en Occident).
Je suis au devant de moi comme un excès sur moi-même. Ce processus
d'individuation qui me met en défaut est une augmentation de
moi-même, qui me fait être.
Spinoza : ce processus augmente « ma puissance d'agir ».
Les hommes sont propres à rien, mais en puissance, ils sont capables
de tout.
Abbé Sieys « Qu'est-ce que le Tiers-Etat ? » :
c'est tout, et pourtant, jusqu'à présent, il n'était rien. Il
demande à être quelque chose. Cette situation de tiers peut être
généralisée à celle des mortels. S'individuer, c'est devenir ce
que je suis, par ce qui manque et ce qui dépasse la mortalité.
Il s'agit de croitre noétiquement : psychiquement, socialement,
prendre part à la transformation du monde.
Gilbert Simodon, le penseur de l'individuation, 20ème : cela
n'est possible qu'en participant à la transformation de l'individu
collectif au sein duquel je suis.
Husserl, 19ème : il appelle l'inquiétude des mortels des
« protentions ». Nous y reviendrons.
- Que contient la boîte de Pandora ? Des « contentions »
(du contenu) : pour Hésiode, cette boîte contient des maux, le
mal sous toute les formes.
Pourquoi la femme arrive après la technique avec le mal sous toutes
ses formes ? Ces mots, ce sont des attentes contenus et retenus.
Ce sont des « rétentions », alors ces attentes sont à
l'origine de la bonne éris. Sans contrôle, elles sont la pulsion
même, sans aidos (la pudeur, la réserve) qui fait la mesure et la
civilisé (Freud : la sublimation en un investissement d'objet),
alors la pulsion devient tous ces maux. C'est une boîte à
pharmakas. Nous sommes inquiets car nous attendons la mort. Les
animaux n'attendent pas la mort. L'homme se diffère de soi-même.
- Monothéisme, le pêché originel : « la conscience »
de Victor Hugo, poème dans lequel il reprend la bible, la crainte et
la culpabilité sont induits par ce pêché, par exemple le
fratricide commis par Caïn.
Chez les grecs, il n'y a ni culpabilité, ni conscience. L’œil de
la mort regarde les grecs. La culpabilité est une fabrication
historique. Tel groupe est coupable de cela, etc. Il faut dépasser
ces culpabilités. La piété chez les grecs, c'est se souvenir que
les mortels sont issus de Prométhée. Les mortels ne doivent pas se
prendre pour des dieux alors même qu'ils disposent du feu divin.
Ainsi pour Homère : pour regarder la gorgone (la mort), jamais
directement, mais dans un miroir réfléchissant.
- La mort inspire une « elpis », une crainte et un
espoir. Ce qui nous inquiète nous fait poser des questions, c'est le
résultat de la déstabilisation constante produite par la technique,
par exemple wikileaks. L'individuation psychique est collective peut
constituer une désindividuation : en ce moment.
Il ne faut pas se détourner de la technique, mais la réinventer, en
faire une thérapeutique.
Lorsqu'il y a de l'eris (émulation, discorde) quand il y a de
l'elpis (attente), elle produit un processus d'individuation
collective. Aujourd'hui, dans la pensée moderne, on dira que c'est
un système dynamique, toujours métastable.
- Nous devrions repenser l'éristique, l'origine de la dialectique de
Platon.
Arthur Schopenhauer, début 19ème, « La dialectique
éristique » : c'est l'art de la controverse qui repose
sur la distinction entre vérité objective d'une proposition et
l'apparence de vérité que cette proposition peut prendre aux yeux
des discuteurs et des auditeurs. La finalité de cet art est de
fournir des moyens pour parvenir à cette dernière apparence, afin
de convaincre les auditeurs que l'on a raison, même si l'on a
objectivement tort.
Platon pense l'éristique comme dialectique, dans le dialogue Ménon :
Le jeune athénien se rend chez un sophiste pour apprendre à être
vertueux ou aretês (excellent, puissant). Socrate l'arrête :
avant d'écouter cet enseignement, pense par toi-même, qu'est-ce que
la vertu ? Ménon procède par une méthode qui est le début de
la méthode dialectique de Platon. Trouvons des exemples de vertus.
Puis qu'ont-ils en commun (un PPCD) ? Ils font cet exercice
difficile, ils rencontrent des apories (des impasses en grec).
L'aporie de Ménon : tu me demandes de trouver la vertu en tant
qu'elle n'est pas telle ou telle vertu, soit tu as une idée
préconçue de la vertu et tu fais semblant de ne pas le savoir, soit
tu ne sais pas donc tu ne la trouveras pas. Socrate se met en colère,
on ne pourrait rien savoir ? Mais c'est une vraie question,
métaphysique. On peut se reporter à ce que disent les prêtresses
et poétesses : l'âme se ressouvient de ce qu'elle a vécu dans
d'autres vies antérieures. Il semble dire que l'âme est immortelle,
mais il parle de métempsychose qui n'est pas une immortalité.
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