dimanche 3 février 2013

Marc-Aurèle, pensées pour moi-même, suivies du manuel d’Épictète (GF-Flammarion)




dates : Rome, 26 Avril 121 – 9 Avril 180

Père : Annius Verus ; mère : Domitia Lucilla

On lui enseigne la « discipline hellénique » de bonne heure, mais aussi le dessin et la peinture, ainsi que les enseignements du platonisme et du péripatétisme. Son maître de grammaire fut Cornélius Fronton.

Il est adolescent lorsque l'empereur Hadrien mourut, lui succède Antonin le Pieu qui adopte Marc-Aurèle qui sera son unique successeur. Il est investi du titre de César, c'est-à-dire de prince héritier. Il est marié à Faustine et a 40 ans lors de son avènement. Il confère à son fils adoptif Lucius Verus le titre d'Auguste, l'associant à sa fortune pour qu'ils soient tout deux sur un pied d'égalité complet.

Il créa sans distinction d'opinions quatre chaires de philosophie : celle de l'Académie qui enseignait la doctrine de Platon ; celle du Lycée qui conservait l'enseignement d'Aristote ; celle du Portique fondée par Zénon (dont il a été l'adepte) ; enfin celle d’Épicure.
Il avait une prédilection très marquée pour la justice et il se plut à y faire pénétrer les idées de solidarité et de philanthropie.
Sans être misanthrope, c'était un solitaire qui réfléchissait en soliloque.
Il réglait sa vie selon les maximes du Portique. Son originalité est la façon dont il mit la morale stoïcienne en pratique, et non ses rares innovations sur le fond. Il nuança le stoïcisme des qualités de son âme.

Préface (Mario Meunier) p.27 : « (…) et l'âme est la même substance douée d'une activité intérieure. L'âme, répandue dans la matière, l'a organisée : étant souveraine raison, elle lui a donné sa loi. C'est d'après cette loi que tout naît et que tout meurt, que les choses, que les êtres, causés et causants, s'enchaînent les uns aux autres depuis le commencement, selon des règles inflexibles. Une inexorable fatalité, un déterminisme absolu, mais non aveugle, une volonté primitive, consciente, réfléchie et sage, régissent, le Tout. Et, comme ce Tout a reçu, de l'intelligence, un ordre, une hiérarchie, qui y établit l'unité, il peut être considéré comme un seul être. C'est le Cosmos, « monde », mais « monde organisé ». »
p.34, L1 XIV : « (…) avoir conçu l'idée d'un État juridique fondé sur l'égalité des droits, donnant à tous un droit égal à la parole, et d'une royauté qui respecterait avant tout la liberté des sujets. »
p. 39, L2 I : « Pour moi, ayant jugé que la nature du bien est le beau, que celle du mal est le laid, est que la nature du coupable lui-même est d'être mon parent, non par la communauté de sang ou d'une même semence, mais par celle de l'intelligence et d'une même parcelle de divinité, je ne puis éprouver du dommage de la part d'aucun d'eux, car aucun d'eux ne peut me couvrir de laideur. »
p. 41, L2 VII : « Les accidents du dehors te distraient-ils ? Donne-toi le loisir d'apprendre quelque bonne vérité, et cesse de te laisser emporter par le tourbillon. Évite aussi désormais cet autre égarement. Insensés, en effet, sont ceux qui, à force d'agir, sont fatigués par la vie, et n'ont pas un but où diriger tout leur élan et, tout à la fois, leur pensée tout entière. »
p. 41, L2 VIII : « Il n'est pas facile de voir un homme malheureux pour n'avoir point arrêté sa pensée sur ce qui passe dans l'âme de l'autre. Quant à ceux qui ne se rendent pas compte des mouvements de leur âme propre, c'est une nécessité qu'ils soient malheureux ».
p. 43, L2 XII : « Qu'est-ce que mourir ? Si l'on envisage la mort en elle-même, et si, divisant sa notion, on en écarte les fantômes dont elle s'est revêtue, il ne restera plus autre chose à penser, sinon qu'elle est une action naturelle. »
p.43, L2 XIII : « Rien de plus misérable que l'homme qui tourne autour de tout, qui scrute, comme on dit, « les profondeurs de la terre », qui cherche à deviner ce qui se passe dans les âmes d'autrui, et qui ne sent pas qu'il lui suffit d'être en face du seul génie qui réside en lui, et de l'honorer d'un culte sincère. »
p. 45, L2 XVII : « Et la philosophie consiste en ceci : à veiller à ce que le génie qui est en nous reste sans outrage et sans dommage, et soit au-dessus des plaisirs et des peines ; à ce qu'il ne fasse rien par hasard, ni par mensonge ni par faux-semblant ; à ce qu'il ne s'attache point à ce que les autres font ou ne font pas. »
p. 62, L4 XX : « Ce qui est essentiellement beau a-t-il besoin d'autre chose ? De rien de plus que la loi, de rien de plus que la vérité, de rien de plus que la bienveillance ou la pudeur. Quelle est celle de ces choses qui est belle parce qu'on l'a loue, ou qui se corrompt parce qu'on la critique ? ».
p. 71, L5 I : Au petit jour, lorsqu'il t'en coute de t'éveiller, aie cette pensée à ta disposition : c'est pour faire œuvre d'homme que je m'éveille. Serai-je donc encore de méchante humeur, si je vais faire ce pour quoi je suis né, ai-je été formé pour rester couché et me tenir au chaud sous mes couvertures ? ».
p. 75, L5 IX : « Ne te rebute pas, ne te dégoûte pas, ne te consterne pas, si tu ne parviens pas fréquemment à agir en chaque chose conformément aux principes requis. Mais, lorsque tu en es empêché, reviens à la charge et sois satisfait, si tu agis le plus souvent en homme. Aime ce à quoi tu retournes (…) ».
p. 78, L5 XVI : « Telles que sont le plus souvent tes pensées, telle sera ton intelligence, car l'âme se colore par l'effet des pensées. Colore-la donc par une attention continue à des pensées comme celle-ci : Là où il est possible de vivre, il est aussi là possible de bien vivre. »
p. 83, L5 XXXVI : « (…) et, s'ils ont été lésés en des choses ordinaires, ne t'imagine pas que ce soit un malheur, car on a cette mauvaise habitude. »
p. 98, L6 LVIII : « Personne ne t'empêchera de vivre selon la raison de ta propre nature ; rien ne t'arrivera qui soit en opposition avec la raison de la nature universelle. »
p. 110, L7 XIV : « Dans les grandes douleurs toutefois, aie recours à cette maxime d’Épicure : « La douleur n'est ni intolérable ni éternelle, si tu te souviens de ses limites et si tu n'y ajoutes rien par l'opinion que tu t'en fais. »
p. 118, L8 XXVII : « Trois relations : l'une avec la cause qui m'environne ; l'autre avec la cause divine, d'où tout arrive à tous, et la troisième avec mes compagnons d'existence ».
p. 126, L8 LVIII : « Le soleil semble se répandre, et, en vérité, se répand partout, mais ne se tarit pas. Cette diffusion, en effet, n'est qu'une extension. Les rayons s'appellent aktinès, du verbe aktinesthai,s'étendre. »
p. 173, L12 XXV : « Chasse dehors l'opinion et tu seras sauvé. Qui donc t'empêche de la chasser ? »

Des références : Hésiode ; Homère ; Epictète ; Héraclite ; etc.



Le manuel d'Epictète

dates : né à Hiérapolis en Phrygie vers l'an 50 avant J.-C.

Préface (Mario Meunier, p. 179 et s) : Épictète est l'esclave d'Epaphrodite, un affranchi de Néron (p. 180, préface) : « Comme son maître lui faisait un jour appliquer à la jambe un instrument de torture : « Tu vas la casser », lui dit en souriant Épictète. La jambe cassa, et le philosophe reprit : « Ne t'avais-je pas dit que tu allais la casser ? » ».
Lorsqu'il fut affranchi, il fit profession de philosophe, sans femme, sans famille, dans une grande pauvreté, avec la méthode de Socrate. Il interrogeait souvent. Mais il n'écrivit rien. En effet, ce fut son disciple Flavius Arrien qui rédigea les notes qu'il avait pris en écoutant son maître. De la somme des entretiens qu'il eut avec lui, il en tira le Manuel d’Épictète.
Il était admiré des païens et peu des chrétiens. Mais il inspira la règle de saint Benoît et le mode de vie des ermites du mont Sinai, et bien sur la pensée de Pascal.

p. 183, I 1. : « Il y a des choses qui dépendent de nous ; il y en a d'autres qui n'en dépendent pas. Ce qui dépend de nous , ce sont nos jugements, nos tendances, nos désirs, nos aversions : en un mot, toutes les œuvres qui nous appartiennent. Ce qui ne dépend pas de nous, c'est notre corps, c'est la richesse, la célébrité, le pouvoir ; en un mot, toutes les œuvres qui ne nous appartiennent pas. »
p. 184, I 4. : « Mais si, entre ces biens, tu veux encore et richesse et pouvoir, peut-être n'obtiendras-tu pas ces derniers biens, du fait que tu aspires également aux premiers. »
p. 185, III : « Si tu aimes une marmite, dis-toi : « C'est une marmite que j'aime. » Car, si elle vient à se casser, tu n'en seras pas troublé. Si tu embrasses ton enfant ou ta femme, dis-toi que c'est un être humain que tu embrasses ; car, s'il meurt, tu n'en seras pas troublé. »
p. 185, V : « Ce qui troubles les hommes, ce ne sont pas les choses, mais les jugements qu'ils portent sur ces choses. Ainsi, la mort n'est rien de redoutable, puisque, même à Socrate, elle n'a point paru telle. »
p. 187, VIII : « Ne demande pas que ce qui arrive comme tu veux. Mais veuille que les choses arrivent comme elles arrivent, et tu seras heureux. »
p. 189, XVII : « Souviens-toi que tu es comme un acteur dans le rôle que l'auteur dramatique a voulu te donner : court, s'il est court ; long, s'il est long. »

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