mercredi 6 février 2013

"Indice pour l'espoir" : une ancienne tentative de roman ...


Il y a quelques années, six ans peut-être, j'avais tenté d'écrire autrement. J'ai toujours écrit "de la poésie", bien que je ne me sois jamais vraiment posé de question de ce que revêt mon écriture. Voici une page que j'ai écrite il y a donc six ans et qui devait être l'amorce d'un roman qui se serait appelé "Indice pour l'espoir"




Je me promène aux alentour de chez moi sans vraiment regarder vers ou je vais. Parfois l’on est si blessé qu’on avance avec l’impression de s’enfoncer dans la terre, mais sans arriver à la pénétrer. Un peu comme si le goudron devenait mou. Alors on continue, aveugle dans des rues si familières, blessé, vide et fragile, pourtant confiant, parce que la vie nous a montré, parfois, que la douleur ne devait pas être source de culpabilité. Je pense à cette jeune femme que je désire, Corinne. J’ai décrété que je la désirais, mais en fait… il me faut me souvenir encore une fois de cette entrevue avec elle. Zut, je me sens perdu.
C’est étrange, je lai rencontré au « jardin des plombes » lors d’une discussion bruyante avec deux de mes amis de faculté. C‘était une de ces discussions qui ne peut aboutir tant chacun est solidement amarré à ses idées et tant le lien d‘amitié empêche la résolution du conflit par une dispute en règle. Il m’a semblé que Guillaume et elle se connaissaient de longue date, comme ça, je dirais seulement de vue. Nous nous sommes présentés, assez cordialement, mais derrière cet aspect de la rencontre je ressentais une tension sous-jacente entre nous qui m’enhardissait et me faisait perdre mes moyens à la fois. Je crois, enfin j’espère qu’elle l’a senti aussi. Comme la discussion s’était terminée avec son arrivée, je remarquais combien sa présence dans le groupe faisait sensation. Je voyais bien que comme moi, les autres trouvaient rapidement un papier et de quoi y écrire leur numéro de téléphone pour le lui donner. Mais c’est à moi qu’elle donna le sien.
Penser à elle me fait oublier la solitude des vacances. Que je les déteste! Mais, elle, est-elle partie? Je crois que Corinne est une fille simple, belle certes, mais de celle que d’apparence l’on ne croit pas unique. Elle a surtout ce regard de bonté si rare, cette compassion pour les moindres douleurs que l’on peut éprouver qui perce tous les voiles de convention sociale. Elle a une petite poitrine qu’elle a mise en évidence en ces temps estivales, les mains entre la calme immobilité et la honte, la fragilité. Elle souriait toujours en coin.
Et ce serait comme si elle était déjà pour moi? Je me rends compte que mes petites impressions ne pouvaient fonder une telle certitude. J’ai peur de l’inconstance, en même temps chaque petit détail un rien inhabituel accroché pour une seconde à mes sens est interprété comme le signe de quelque chose. Non je ne suis pas superstitieux, c’est simplement que je me fis à tout ce qui me vient dans la vie pour élaborer la compréhension de ce qui m’entoure.
Marcher, continuer de marcher, j’imprime des marques imaginaires dans le sol, ça me soulage. Pour quelques instants je joue comme un enfant avec les marques au sol, j’invente les règles d’un jeu insolite selon que je marche sur les bandes noires puis blanches des passages piétons, ou que je marche sur des pavés. Je marche toujours de cette manière en dernier recours, quand tout ce que je ressens se contredit, est retenu forclos. Je me dis qu’au moins j’avance, si ce n’est dans ma vie, au moins sur la terre qui me porte. J’ai le souffle court. À quoi penser? Je me sens mieux, je vais quelque part. En fait quand je marche, je me rapproche de moi-même. Cela me permet d’avoir à porter de regard ce que je cherche: un peu d’inspiration malgré tout. De la force pour créer, de la force pour mener ma vie.
Quelqu’un me frappe - je suis dans le métro - j’ai perdu l’équilibre - douleur. Je suis seul, l’homme avec sa blouse, je ne le vois plus. Je me demande ce que j’ai perdu: mon portefeuille et puis…ce que j’étouffe!

2 commentaires:

  1. L'avant dernier paragraphe est excellent. Représentatif de l'impuissance volontaire que l'homme décide de garder sur le cours de sa vie ou de son devenir.
    Le début est très bon également surtout sur la description d'une conversation mouvementé (là où plus d'un écrivain se targuerait d'écrire le dialogue, tu ne le fais pas, ce qui est bien vu).

    J'ai moins aimé le reste. La description physique de la fille tombe comme un cheveux dans la soupe (elle n'a pas trop lieu d'être, je trouve).
    Le passage sur l'inconstance et la non-superstition m'ont légèrement paru pompeux. Une redite de beaucoup de choses.

    Néanmoins, pour un début de roman, je trouve ça parfait, si ce n'est que je commencerai par l'avant dernier paragraphe. Puis le premier. Puis celui sur la fille.
    (En effet l'avant dernier paragraphe se termine en quelque sorte sur le début du tout premier, ce qui permet une tansition beaucoup plus logique, notamment pour garder un bon rythme). Le paragraphe de la fille est une sorte d'évolution dans le récit qui est beaucoup plus ouvert pour raconter la suite d'une histoire.

    Donc, en résumé, tentative de roman trés bonne, même si ça manque de barde et de bouffons extralucides xD.

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  2. Merci pour ton commentaire et ce compliment ! Pour moi, ce texte est un peu un ovni car je n'ai jamais vraiment poussé mon travail dans ce domaine, mais du coup, tu me fais entrevoir certaines choses qu'il faut prendre en compte quand on entreprend l'écriture d'un roman.

    Le passage sur la superstition en fait, si je me souviens bien, je l'avais écrit pour décrire une personne qui use d'un file intuitif pour prendre ses décisions plus qu'une raison pure. Ce n'est pas en fait une réflexion théorique.

    Sinon, oui, tu as raison, l'avant dernier et le premier s’enchaînent bien !

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